Chers collègues de crypto,
Cela fait des années que j'hésite à me lancer dans l'entrepreneuriat. Beaucoup de mes amis me disent que je suis fait pour ça (ça ou le consulting), et j'ai quand même hésité longtemps.
Il y a quelques mois (mars 2015), alors que j'étais dans une mauvaise passe psychologique (fin de contrat de travail), j'ai été séduit par un "entrepreneur bitcoin", Wadii Rachid alias Rayane.
Faisant fi des conseils avisés de nombre d'entre vous, j'ai persévéré avec cette personne, me disant que je dois arrêter d'abandonner juste avant la ligne d'arrivée, ne pas m'arrêter à la première hésitation, penser par moi-même et non par les autres, etc.
J'ai eu tord.
Le soi-disant entrepreneur n'en était pas un (il a même un casier très, très lourd, ai-je découvert récemment), ses connaissances dans Bitcoin n'en étaient pas et sa seule compétence, c'est de très, très bien parler… (et d'escroquer, mais ça, il n'est pas très bon dedans, heureusement pour moi).
Aujourd'hui, ma situation est plus précaire que sept mois auparavant. Cependant, malgré l'enfer quotidien (type secte) que j'ai vécu pendant plusieurs mois et malgré les nombreuses difficultés matérielles auxquelles je devrais faire face les mois à venir, j'en tire des leçons positives.
- D'abord d'enfin ! écouter mon intuition ("quand il y a un doute, il n'y a pas de doute")
- Ensuite que finalement, j'ai des compétences en entrepreneuriat (j'ai pu me comparer à divers vrais entrepreneurs et jauger mon niveau).
- Enfin et surtout que, oui, l'entrepreneuriat est quelque chose qui me va (ensuite, est-ce que financièrement, je vais pouvoir me le permettre, ça reste à voir). J'ai beaucoup gagné en confiance en moi et donc humainement, le bilan est positif. Si c'était à refaire, le referais-je pour autant ? Je ne pense pas, même en connaissant la récompense derrière (confiance en soi, toussa).
Ces prolégomènes, cependant, ne sont qu'une manière d'amener le sujet. C'est parce que j'ai aujourd'hui cette confiance en moi que je trouve le courage de me présenter devant vous, consœurs et confrères de cryptomonnaies.
Mea culpa. J'ai une
certaine réputation dans la communauté et, en m'engageant dans cette aventure stupide, j'ai en quelque sorte entachée la communauté et surtout la confiance que vous avez placé en moi.
Mea culpa. J'ai involontairement blessé des gens ; ce qui montre à quel point j'étais embrigadé. À ces personnes, je souhaite exprimer mes plus profonds, mes plus sincères regrets. Certaines, je les ai eu au téléphone ou en présentiel le 6 octobre au Sof's Bar. D'autres, je n'ai pas encore réussi à les joindre. Je le répète ici : je suis navré, sincèrement navré. Je vais faire mon possible pour rattraper cette erreur.
Mea culpa. Toute ma vie, j'ai eu comme credo de rester droit dans mes bottes, de ne pas mentir, d'assumer mes choix, même quand ils me coutent — et je l'ai fait, y compris en crypto, où j'ai perdu de l'argent sur une vente où je savais que j'en perdrais mais que j'ai quand même honoré alors que je pouvais n'en rien faire, parce j'avais engagé ma parole.
Cette fois-ci, j'ai failli. Je n'ai pas menti, jamais, mais je n'ai parfois pas dit le fond de ma pensée. Par peur (domination psychologique), par honte, par autre chose ? Je l'ignore mais le résultat est là : quand tu n'es pas en accord avec tes valeurs, tu le payes. Un de mes associés qui s'est fait lui aussi avoir (alors que l'escroc était sont ami d'enfance !), en subit à l'heure actuelle les conséquences sur sa santé. J'ai heureusement su préserver ceci - j'espère.
Mea maxima culpa. Un grand pouvoir entraine de grandes responsabilités et je n'ai pas agi à la hauteur de ce que les gens attendent de moi. Être désolé ne suffit pas ; c'est dans mes actes prochains et non mes paroles que vous pourrez juger si mon amende honorable vaut quelque chose.
Je vous considère comme une famille ici, en cryptomonnaies. Et on ne fait pas ça à sa famille. Même si ça ne fait que deux ans que j'y suis, j'ai trouvé ici une chaleur, une intelligence et une amitié qui sont précieuses. Croyez-moi quand je vous dis que le simple fait d'être isolés de vous était très douloureux.
On dit que ce sont les erreurs qui font progresser. Je confirme, j'ai progressé. Je n'ai qu'une seule chose à dire pour ma défense : tout ce que j'ai fait, je l'ai fait avec de bonnes intentions. Certes, les chemins de l'enfer en sont pavés ; gageons que, demain, les miennes paveront d'autres chemins.
De tout mon cœur,
David Latapie