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Topic: Monero : les avantages de la nouvelle monnaie virtuelle (Read 473 times)

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Bitcoin est la plus célèbre des monnaies virtuelles mais n’est pas la seule. Monero, présenté ici, reprend de nombreux principes de Bitcoin mais y ajoute une meilleure gestion de la confidentialité.

Les cryptomonnaies telles que Bitcoin se basent sur un registre public des transactions, la fameuse blockchain, dont chacun peut constater l’authenticité en vérifiant à l’aide d’un logiciel les preuves cryptographiques qui y sont enregistrées. Ce système permet de se passer d’autorité centrale et des risques qui y sont associés (dépendance, piratages, variation de l’inflation en fonction de critères politiques).
Les nombreux projets altcoins

Dès les débuts de Bitcoin comme un projet open source des variantes ont été créées en reprenant le code source et en faisant des petites modifications comme l’algorithme de validation des transactions. D’autres projets ont commencé en reprenant les principes de bases de Bitcoin mais à partir d’un nouveau code source. Tous ces projets dit altcoins (pièces alternatives), basés ou non sur le code source de Bitcoin sont nombreux (plus de 700 ont été répertoriés) mais la grande majorité ont été des échecs ou des escroqueries.

Ces altcoins fonctionnent chacune avec leur propre blockchain et sont convertibles grâce à des bourses d’échanges spécialisées tels que le site Poloniex.com.

Parmi les altcoins les plus développées, on peux citer :

    Litecoin : très proche de Bitcoin, vise des temps de confirmation des transactions plus courts.
    Ethereum : intègre dès sa conception les « contrats intelligents » pour définir des comportements automatiques qui correspondraient aux clauses d’un contrat exécuté sans intervention humaine. Malgré de nombreux problèmes (vol, scission), cela reste un des projets les plus prometteurs.
    Nxt : demande moins de calculs de validation et a donc une empreinte écologique plus faible
    Dash : est une monnaie visant à être anonyme mais dont certains choix techniques sont controversés.
    Monero : est une autre monnaie visant à être anonyme, traitée dans la suite de l’article

Bitcoin reste très largement majoritaire en terme de volume de transaction grâce à sa position de premier arrivant, sa notoriété et la présence d’un écosystème plus développé.

Le principe de départ d’avoir un registre public de transaction est aussi une des principales faiblesses de Bitcoin.  Depuis plusieurs années, des logiciels d’analyse des transactions de plus en plus efficaces sont développés pour faire des déductions en particulier sur l’identité des utilisateurs de Bitcoin. De même que pour la surveillance des communications et l’analyse des réseaux sociaux, une partie est légitime comme pour la recherche de criminels mais c’est aussi une atteinte à la vie privée de chacun et il est légitime de chercher à s’en protéger.

Même s’il reste des façons de protéger son anonymat avec Bitcoin, on peut considérer qu’il est plus sûr d’avoir cet aspect intégré dès la conception comme c’est le cas de Monero.

Le nom « Monero » vient de « Monnaie » en Esperanto et cela explique que le pluriel « Moneroj » (prononcé « monéroille ») soit parfois utilisé.
Les origines troubles de Monero

L’histoire originelle de Monero est assez trouble. Au lieu de se baser sur le code source de Bitcoin, Monero est dérivé de Bytecoin qui utilise un protocole nommé Cryptonote. Ce protocole a été publié début 2014 par une ou plusieurs personnes connues sous le pseudonyme de Nicolas van Saberhagen. Il a été très bien accueilli par les cryptographes qui l’ont analysé mais s’est révélé être une escroquerie basée sur de nombreux mensonges (voir ici pour plus de détails).

Un utilisateur de Reddit, lui aussi anonyme, utilisant le pseudonyme de thankful_for_today1 a voulu lancer Monero sur de meilleures bases en avril 2014 (originellement sous le nom de bitmonero). Le comportement de thankful_for_today n’a pas été apprécié par la petite communauté qui s’était formée autour du projet et qui lui reprochait de mauvaises décisions prises sans concertation. Cette communauté a par la suite repris la direction du projet qui a été abandonné par thankful_for_today.

Sans entrer dans les détails techniques, l’anonymat des transactions Monero se base d’une part sur l’utilisation d’une adresse temporaire du receveur au lieu de son adresse publique (ce qui protège celui qui reçoit l’argent) et d’autre part sur l’ajout d’émetteurs « fictifs » (ce qui protège partiellement celui qui paye2). L’émetteur et le receveur de la transaction sont les seuls à posséder les éléments nécessaires pour vérifier d’où vient l’argent et où il va. Le coût de la transaction est lié au niveau d’anonymat voulu (qui peut être choisi par l’émetteur).
Quelles infos publiques via Monero ?

Un anonymat total serait un obstacle dans de nombreuses situations, par exemple pour prouver que l’on a bien payé un produit ou pour auditer des comptes. Il existe donc des méthodes mathématiques pour dévoiler publiquement, ou juste à une personne, certaines informations tout en contrôlant bien les accès.

De façon plus concrète, si on regarde les informations publiques d’une transaction prise arbitrairement,
on peux observer les éléments suivants :

    Le bloc qui contient la transaction (« From Block »)
    La somme que touchera le receveur (« Output total »)
    Les frais de la transaction (« Fee »)
    Le nombre d’émetteurs fictifs ajoutés (« Minin »)
    Les entrants de la transaction (« Inputs ») dont la somme correspond au « Output total » et aux « Fees ». En cliquant sur le « + », on voit les origines possibles sans connaître celle qui est vraiment utilisée (ici 7, soit « Mixin » + 1)
    Les sorties (« Outputs ») qui iront au receveur.

Cette transaction est incluse dans le bloc 1124044 que l’on peut aussi voir et qui contient notamment :

    sa hauteur (« Height ») : sa place dans la blockchain
    l’instant de sa création (« Timestamp »)
    la transaction qui a récompensé le créateur du bloc (« Coinbase Transaction »)
    un certain nombre d’autres transactions (8 ici) dont celle évoquée précédemment (« Transaction »)

Le créateur du bloc, celui qui a été le premier à en valider cryptographiquement les éléments et à résoudre un « puzzle » mathématique servant à réguler la vitesse de création de blocs (« proof-of-work » comme avec Bitcoin) a reçu les frais de traitement (« fees ») des 8 transactions et les nouvelles pièces de la récompense (ce qui permet d’avoir une inflation contrôlée automatiquement et non manipulable)

Dans quelques mois, le montant de la transaction sera lui aussi masqué grâce à une méthode nommée RingCT.

Outre les aspects techniques, on peut noter que l’identité du principal développeur, le Sud-africain Riccardo Spagni, est connue (bien que plusieurs autres développeurs préfèrent rester anonymes). La communauté d’utilisateurs est ouverte, en particulier sur Reddit et valorise l’utilisation réelle de Monero à long terme plutôt que la focalisation sur la hausse du cours de la monnaie.

Monero a depuis peu un espace sur le célèbre site de questions et réponses techniques stackexchange.com au même titre que Bitcoin et Ethereum.

Depuis quelques semaines des places de marché sur les Dark Nets (réseaux anonymes) ont fait part de leur intérêt pour l’anonymat de Monero et cela a fait fortement augmenter sa visibilité et son cours qui progressait doucement jusque là (passant de 0.5$ par Monero au 1er janvier 2016 à 2$ début août puis 10$ à la fin du mois).

Ce rôle des marchés illégaux (ou du moins souterrains) risque d’être mauvais pour la réputation de ce projet (de même que l’application de messagerie chiffrée Telegram est souvent qualifiée de « Messagerie des terroristes ») mais le cas d’usage de base considéré par les développeurs reste celui d’une personne qui veut acheter un produit tel qu’un texte religieux qui met sa vie en danger car interdit par son gouvernement3. De même que pour la messagerie Telegram ou d’autres outils de protection de sa vie privée, les possibles usages illégaux n’engagent ni la responsabilité morale des créateurs ni celles des utilisateurs honnêtes.

Il n’est pas possible pour le moment d’acheter des Moneros directement à partir d’Euros. Il reste nécessaire d’acheter des Bitcoins par exemple sur paymium.com ou kraken.com puis de les échanger contre des Moneros sur un site tel que poloniex.com.

Il n’est pas recommandé de laisser des Moneros (ou une autre cryptomonnaie) longtemps sur un site d’échange en raison des risques de piratage ou de faillite. Plusieurs solutions correspondant à différents compromis entre sécurité et la complexité sont expliqués sur cette page.

Les événement à venir pour le projet Monero incluent le masquage des montants (RingCT évoqué plus haut), la finalisation d’une interface graphique officielle en remplacement de la ligne de commande utilisée jusque là et probablement l’augmentation du nombre de marchands acceptant Monero au côté de Bitcoin (le site xmr.to permet déjà de payer en Moneros et d’envoyer au marchand des Bitcoins s’il les accepte). Il y a donc des raisons d’être optimistes quant à l’avenir de ce projet (ce qui ne constitue en rien une recommandation d’investissement de la part de l’auteur ou de Contrepoints).

Pour aller plus loin :
– Le site officiel : https://getmonero.org/knowledge-base/about
– Une comparaison technique avec Bitcoin : http://monero.stackexchange.com/questions/415/what-are-the-primary-differences-between-monero-and-bitcoin
– Une vidéo de vulgarisation par Riccardo Spaggni : https://www.youtube.com/watch?v=GEVm1dMn5Ks
– Reddit : http://www.reddit.com/r/Monero/
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