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Topic: Bitcoin et sophisme de la vitre cassée - page 2. (Read 5185 times)

legendary
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July 14, 2011, 06:22:22 AM
#2
Ouep et ce sophisme a la vie dure puisqu'il y a encore des gens pour le ressortir, même dans les grands médias.  Ça n'a pas manqué après le Tsunami au Japon, par exemple  Sad

Concernant Bastiat, à noter que l'intégrale de ses écrits est disponible sur http://bastiat.org

Par contre sur l'obscolescence programmée, il y aurait *beaucoup* à dire, et dans l'ensemble on peut y voir un mythe entretenu par les gauchistes.
legendary
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e-ducat.fr
July 14, 2011, 06:04:37 AM
#1
Bitcoin est un sujet d'économie car il remet en cause l'exclusivité de la création monétaire réservée aux banques. L’économie et la philosophie sont deux disciplines très proches. Il faut les pratiquer avec modestie car elles sont toutes les deux très ambitieuses. Elles veulent s’appuyer sur toute la connaissance humaine pour la rendre intelligible et lui donner du sens, sans tomber dans le scientisme. L’exercice est vraiment compliqué. Alors souvent, elles se retrouvent sur un île déserte pour tenter de faire passer des concepts abstraits : c’est l’histoire d’un gars qui arrive avec un lingot d’or sur une île où tout le monde vivait heureux  etc.. Les économistes écoutent ces histoires avec dédain et les appellent des « robinsonnades ».
 
Il y aussi des histoires de vitrier. Les vitriers ont inspiré Frédéric Bastiat au 19e siècle. Bastiat était un iconoclaste génial qui se frittait avec Joseph Proudhon dans la Voix du Peuple (c’était l’époque où il y avait encore des journaux). Pourtant ils étaient très proches dans leur volonté de combattre les structures de pouvoir obsolètes : ils avaient compris qu’elles se maintenaient grâce au sophismes et aux mensonges dont la révélation devait être évitée à tout prix. Avec la généralisation de l’accès à internet, ça craque de partout : ils vont enfin avoir gain de cause.
En tant qu’économiste, Bastiat a su reconnaître le caractère subjectif de toute valeur : si la valeur s’appuie sur l’utilité marginale et la rareté, ce qui m’est utile n’est pas forcément utile à mon voisin, ce qui est rare ici et maintenant ne le sera peut être pas ailleurs et ni demain. On a donc affaire à un humaniste plutôt qu’un collectiviste. A l’inverse, la notion de valeur travail, héritée d’Aristote, relevait d’une vision préindustrielle de l’économie où la quantité de travail à fournir était la seule mesure de la valeur d’échange.
Bastiat au contraire s’est intéressé à ce qu’on ne voit pas, même à travers une vitre : il a dénoncé le sophisme de la vitre cassée qui consiste à prétendre que le bris d’une vitre dans une maison ne nuit pas à l’économie puisqu’il profite au vitrier. Ce sophisme a tué puisqu’il a été utilisé pour justifier l’illusion du bénéfice économique des guerres. Le problème révélé par Bastiat est que la monnaie utilisée pour réparer la vitre aurait pu être utilisée par celui qui habite la maison pour acheter des chaussures alors que, une fois la vitre réparée, la maison est juste remise en état. Sans le bris de vitre, l’habitant aurait eu des chaussures neuves et une vitre intacte. La réalité ne se limite pas à ce qui est perçu.
Ce sophisme est à l’origine du concept industriel d’obsolescence programmée qui fonde la « mécroissance » que nous vivons. Dans une économie de cartel, où les prix n’intègrent pas l’empreinte environnementale de la production, il est possible de nous faire croire (merci TF1) que nous avons besoin de changer de téléviseur ou de voiture tous les 4 ans alors que ces produits peuvent durer plus de 10 ans : la manipulation repose sur le concept de déprogrammation mentale opérée par les médias pour entretenir le sentiment d’obsolescence matérielle au détriment d’un sentiment humain d’existence, ce sentiment d’existence qui définit la liberté selon Jean-Jacques Rousseau.
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